Voilà une des raisons qui font qu'on ne regrette pas notre curiosité :
Nous avons rencontré une coccinelle de belle taille, encore inconnue au bataillon... Dans ces cas là, le Chinery est un livre généraliste sur les insectes permettant de se faire une idée de l'identité de la belle, mais ne permet pas d'identification précise.
En lien avec Vienne Nature, un membre a pu qualifier la bette : ce serait la Coccinelle de la bryone Henosepilachna argus. Les coléoptères étant très nombreux, il faut en général avoir recours à des clés de détermination parfois ardues. Sauf que, non content d'avoir qualifié notre bête, notre correspondant nous a précisé qu'il existe une clé récente pour les coccinelles de la Manche. Ce dernier a même, en fait, relancé l'engouement pour la famille un peu partout en France... C'est très intéressant, car sans ce genre d'outils, il est très difficile d'établir une base de connaissance fiable.
Car oui, en France, les coccinelles, bien que sympathiques et populaires sont presque inconnues dans leur répartition régionale, et beaucoup dans leur biologie. Pas besoin de prendre l'avion pour jouer à Indiana Jones!
L'insecte est remarquable pour une double raison :
- Elle est poilue, c'est rare pour les grosses coccinelles
- Elle est végétarienne. Et ça c'est mine de rien à garder en mémoire. Elle se nourrit de cucurbitacées et peut notamment nuire au melon. Rien à craindre par chez nous car elle se nourrit ici de la seule représentante des cucurbitacées sauvage : la Bryone dioïque Bryona dioica.
Mais je la connait cette plante, c'est mon grand-père qui me l'avait dit l'année dernière : c'est du
chie-mou! Le terme n'est pas distingué mais explicite. En faisant des recherche, la bryone est bien toxique pour l'homme et la littérature nous met en garde contre son puissant pouvoir purgatif. Aussi appelée le navet du diable, la plante était déjà connue au moyen âge et était associée à la magie blanche. Elle passe au XIIème siècle pour augmenter la résistance à l'alcool. Sainte Hildegarde nous conseille :
"pour se garantir de l'ivresse, boire du jus de bryone avec autant de vinaigre, ainsi, toute la semaine, on ne sera point ivre". Les grecs anciens s'en servaient comme dépilatoire.
En alliant l'entomologie, la botanique, la culture populaire et un brin d'histoire, l'aventure dans un carré de nature peut devenir passionnante... Et hop, deux espèces de plus pour l'inventaire de notre chez-nous. Merci petite coccinelle!