jeudi 12 septembre 2013

Le membracide bison

    




 Quelle drôle d'allure a le membracide. Trapu, bossu, renfrogné, notre petite bestiole du jour n'en est pas moins vive et peureuse. Capable de sauter et de voler, c'est parfois en grand nombre qu'on peu croiser Stictocephala bisonia.








    C'est un exemple d'introduction ancienne sur le territoire : d'origine américaine, c'est au 19ème que nous le retrouvons en Europe. Invasif, oui pour sûr. En revanche, même s'il est difficile d'évaluer l'impact sur notre faune locale, tant l'invasion remonte, c'est parfois sur notre flore qu'on peut en observer l'effet. 
   



     La larve, ainsi que l'adulte se nourrissent de sève, sans grands dommages à priori. La femelle adulte va pondre ses oeufs dans des scarifications qu'elle pratique sur les végétaux, à l'aide d'une tarière. C'est alors parfois une porte d'entrée aux maladies, notamment sur les vignes et les pommiers.
    En france, nous comptons 3 autres espèces de membracides : le centrote cornu, le petit diable, et une espèce proche du dernier dans le midi.

lundi 9 septembre 2013

Le carabe espagnol

   



  Oulala! Le superbe carabe espagnol semble s'être fait faire de faux papiers, car sauf s'il avait prévu de franchir les Pyrénées vers le pays du flamenco, on ne le connait pour le moment qu'en France. Présent dans le sud du massif central, c'est proche des Cévennes que notre ami Carabus hispanus courait à toute vitesse, chassant en plein soleil. C'est en effet une famille de véloces prédateurs dont certains assez spécialisés et de belle taille, même si leurs élytres soudées leur interdisent le vol.

La guèpe de feu


     Ou plutôt les guèpes de feu, car la France ne compte pas moins d'une centaine d'espèces du genre. Elles revêtent toutes une robe avec des couleurs métalliques, c'est d'ailleurs ce qui caractérise les chrysidés, dont la détermination est une affaire de spécialiste!

     Au niveau de la biologie, ce sont des parasites d'abeilles et de guêpes, et dont la larve, pondue dans la loge des abeilles et guêpes solitaires, se nourrit de la larve de l'hôte. Et parfois même des réserves de nourriture quand cette dernière est constituée de bonne viande. Elles ont plusieurs protections pour échapper aux coups d'aiguillons de leur hôte : une carapace épaisse qu'elles peuvent enrouler sur elle et former en plus une "boule" bien difficile à prendre d'assaut.

jeudi 29 août 2013

Un sphex américain dans le coin

 De son petit nom Isodontia mexicana, la bestiole est nettement moins médiatique que le frelon asiatique. Je n'ai d'ailleurs trouvé aucune trace de ce dernier dans les parages cet été. La différence avec notre grosse méxicaine, c'est qu'elle n'affectionne pas les rassemblements. Autrement dit, ce n'est pas une guèpe sociale : elle capture des sauterelles, criquets qu'elle pique dans le centre nerveux qui paralyse la proie sans la tuer. Elle va ensuite entasser quelques-une de ces infortunées victimes dans une loge, puis pondre un oeuf avant de refermer la cellule avec des débris végétaux.

     Le caractère invasif du sphex n'a pris de l'importance que récemment. Retrouvé sur le pourtour méditerranéen dès les années 60, il aurait profité de la canicule de 2003 pour franchir le massif central. On le retrouve ainsi récemment un peu partout en France, de plus en plus au nord, jusqu'en Belgique où il y est observé depuis 2010. 

     On a donc un exemple d'un colonisateur qui a profité des échanges commerciaux mondiaux, mais qui a pris un véritable essor grâce à la hausse des températures. Peut-être faut-il s'attendre à ce que la situation se reproduise étant donné qu'aucun de ces deux facteurs n'est prévu à la baisse ces prochaines décennies... La compétition va être rude pour nos espèces indigènes!

vendredi 9 août 2013

Détermination de Panorpa vulgaris

     Cela fait quelques années que nous croisons des "mouches scorpions", sans jamais avoir mis un nom   plus poussé que celui du genre. Et pourtant, en France on ne croise que 7 espèces, dans un genre qu'on ne peut confondre. Ces charognards, détritiphages des sous-bois ont en effet une allure bien à eux. Notamment les mâles qui ont ces drôles d'appendices copulatoires. En faisant quelques recherches, voilà, une clé simplifiée a été élaborée il y a quelques années : http://mecoptera.free.fr/identification.html

Voici les étapes de la détermination de Panorpa vulgaris :

La nervure sc (la plus proche du bord antérieur de l'aile antérieure)  est longue
Ce segment est conique, il rétrécit vers l'arrière

Les hypovalves sont longues et fines

Cette tâche est étendue

Asile formule poilue

      Et hop une bestiole velue virevolte et se pose sur une feuille de sureau en plein soleil. A l'allure on aurait dit une abeille, mais bon, il est tellement adroit que ça en devient un brin louche. D'ailleurs il n'y pas une fleur à polliniser dans le coin. 

    Le voile se lève sur une mouche asilidae. Un asile, un beau mâle, pour être précis une Choreades fimbriata. Pas de petit nom pour cette "mouche rapace" qui j'en suis sur se délectera d'une proie volante dès que j'aurais le dos tourné. Merci à insecte.org pour leur aide à la détermination précise de l'espèce.

vendredi 5 juillet 2013

Thécla

Thecla de l'orme
   
  Les théclas sont de petits papillons, rattachés au groupe des lycaenidae. A part le thécla de la ronce, ils sont relativement peu fréquents dans le département. C'est donc une chance d'en accueillir deux représentants sur notre parcelle : le thécla de l'orme ( Satyrium w-album ) et le thécla du prunellier ( Satyrium pruni ). Tous deux sont étiquetés rares et déterminants dans la Vienne. 
     Leur chenille est spécifique à la plante hôte, sans surprise l'orme et le prunellier, mais les adultes apprécient de butiner les fleurs de ronces.

Thecla du prunellier

lundi 24 juin 2013

L'apodère du noisetier

   
  Quelle drôle de bestiole! L'apodère du noisetier ( Apoderus coryli ) a une allure très particulière. Il est classé dans la famille des coléoptères charançons, mais sa silhouette lui vaut s'être rangé dans une sous-famille dont il n'y a que deux représentants en Europe. C'est un "cigarier". Entendez par là qu'il aime à confectionner un nid douillet pour sa progéniture avec une feuille qu'il enroule sur elle même. Il n'est pas rare de le croiser dans notre pays, parfois sur les aulnes, ou bouleaux, mais le plus souvent sur le noisetier.

dimanche 23 juin 2013

Coccinelles

     Les coccinelles sont parmi les plus populaires de nos insectes : du cahier de dessin des enfants jusque dans le coeur des jardiniers. Les premiers l'apprécient pour leurs couleurs, les seconds pour ses qualités aphidiphages. Entendez par la mangeur de pucerons, et ceux aussi bien à l'état de larves qu'une fois adultes.
 

  L'intérêt pour la famille connait actuellement un regain que l'on doit à la publication récente de l'atlas des coléoptères de la Manche, qui fournit une clé d'identification valable pour tout l'ouest de la France. C'est grâce à ce genre d'outils clairs et de qualité que des inventaires régionaux peuvent être réalisés. C'est malheureusement une situation assez rare et l'entomologie de terrain est souvent handicapée par le manque de documentation. Il reste beaucoup de choses à découvrir, même en France, tant au niveau de la biologie que de l'évolution des populations. On décrit d'ailleurs régulièrement de nouvelles espèces d'insectes sur notre territoire.

Coccinelle à sept points



Ici la reine des coccinellidae : c'est à ça que l'on pense quand on dit coccinelle, la très classique coccinelle à 7 points ( Coccinella 7-punctata ).


Coccinelle à damier







La coccinelle à damier ou coccinelle à 14 points ( Propylea 14-punctata ) est aussi très répandue. De taille plus modeste, elle parcours souvent les arbres, arbustes et herbacées.


Coccinelle asiatique

La coccinelle asiatique ( Harmonia axyridis ) est aussi fréquente, bien qu'elle ne soit pas de chez nous. L'espèce a été introduite dans les années 80 pour lutter contre les pucerons. Elle s'est bien plue dans nos vieilles contrées et elle est considérée comme nuisant à nos espèces indigènes. Comme d'autres, cette dame arbore des robes sujettes à variations, en voici deux.


Coccinelle asiatique














Coccinelle de la bryone







Enfin, la coccinelle de la bryone ( Henosepilachna argus ), nous en avons déjà parlé, c'est la petite végétarienne du lot. Elle ne ferait pas de mal à un puceron.





Coccinelle de la bryone

Et de 100! La biodiversité dans un carré de jardin

     Nous avons maintenant commencé notre inventaire à la maison il y a un mois, sur notre petit terrain. Et voilà : déjà cent espèces recensées (cf page "inventaire à la maison"). 

     Les rencontres ont été nombreuses... et l'occasion de progresser au niveau naturaliste en général (entomologie, botanique) et au niveau photo. Certaines restent un peu mystérieuses, faute de temps ou de documents ou même de capture (nous n'avons encore trucidé aucune bestiole, donc pas de microscope ou dissection des organes génitaux, étape quelquefois indispensable pour arriver à mettre un nom sur une guêpe par exemple). La mention "sp" fait dans ce cas réference à la famille, à laquelle il a été possible de rattacher la bestiole.

    Le terrain en question est en friche depuis quelques années. Nous avons rétabli des espaces de pelouse, des zones de végétation spontanées, avec des corridors, une zone de tampon de lisière forestière, souvent riche, un milieu humide, des essences locales. Bref, les bonnes décisions permettent de favoriser le maintien, voire l'installation d'un ecosytème riche. Nous ne pouvons pas mesurer l'intèrêt d'un milieu naturel équilibré, la science a ses limites... Dans l'attente de réponses futures, il nous apparait sage de limiter notre impact, de travailler avec des matériaux naturels, sans bannir la nature telle qu'elle se présente à nos pieds.

Voici quelques illustrations de rencontres, la biodiversité et son utilité à l'homme seront rediscutées, savourons sa richesse de forme en attendant.
Capricorne de Scopoli



Otite

Pisaure?

Carte géographique

La Phrygane n'est pas un papillon, c'est le porte bois du fond de nos rivières
Phymatode variable
Hemipterus valgus


Oedemère?
Lacon souris

Mouche sp

Araignée

jeudi 20 juin 2013

Le liseron ne restera pas impuni

liseron des champs
     Les nuits blanches de tous les jardiniers sont hantées de pucerons, de limace et... de liseron. C'est lui qui nous intéresse aujourd'hui. De son petit nom Convolvulus arvensis, le liseron des champs est souvent le plus rapide à recoloniser une terre fraichement retournée. La rage de l'ouvrier de cette terre bien "propre" et qui a déjà fini de l'être n'a d'égal que la ténacité et la vigueur de son ennemi. 
     Pas de remède miracle dans cette chronique d'une reconquête annoncée. A moins d'être aussi délétère pour le liseron que pour le reste du sol et de ses hôtes à grands coup d'herbicides, ou suffisamment courageux pour le desherbage manuel il est clair que la petite plante risque de ne pas se laisser faire. Et pour ceux qui savent que le combat est déjà perdu, voici une petite revanche.
Funèbre
    
 Car non, le liseron des champs ne restera pas impuni. C'est une plante très commune, comme tout le monde sait. Peu savent que ce prédateur des potagers et massifs a lui aussi ses plaies. A être aussi répandu, il constitue une nourriture idéale pour quelques espèces d'insectes, qui toléreront ses effets purgatifs. C'est le cas de nos deux espèces du jour : un papillon et un coléoptère.

La funèbre, ou noctuelle en deuil ( Tyta luctuosa ), a un nom aussi triste que notre Convolvulus quand il voit poindre la petite chenille, qui adore s'en repaître.




La casside subferrufineuse ( Cassida subferruginea ) a une drôle d'allure. Imaginez un insecte sous le chapeau de sa carapace qui le recouvre complètement, pattes, tête et antennes comprises. Il ne lui reste plus qu'à se plaquer à son déjeuner et à brouter tranquillement.




"Merci les filles!" s'écrie alors le jardinier qui sait que la vengeance est un plat qui se mange froid. 
Casside subferrugineuse

mercredi 5 juin 2013

Platyrrhinus resinosus

   Pas de petit nom vernaculaire pour notre bestiole du jour. Platyrrhinus resinosus fait partie de ces coléoptères xylophages mais lui se fait aider de champignon. C'est grâce son action que ce membre de la famille des anthribidae parviendrait à digérer les parties fibreuses du bois (lignine). La larve se nourrit ainsi de bois mort ou malade de nombreuses essences, chez nous très certainement de frêne. Il porte bien mal son qualificatif de resinosus car les résineux est une des rares familles auxquelles il ne s'attaque absolument pas!

mardi 4 juin 2013

Sphinx de l'épilobe

Et voilà, à être attentif, nous avons trouvé aujourd'hui un papillon intéressant : le Sphinx de l'épilobe Proserpinus proserpina. L'espèce est protégée depuis 1993, même si certains spécialistes présument que ce sont les moeurs crépusculaires qui sont responsables de cette rareté d'observation. Elle a d'ailleurs été citée pour la première fois ces dernières années dans des départements comme la Manche et la Corse. La chenille se nourrit de l'épilobe et de l'oenothère notamment. Le papillon fréquente les frontières entre zones humides et prairies florifères, ce qui correspond à la nature de notre terrain. En revanche, pour le moment, pas de trace chez nous de la plante hôte...

jeudi 23 mai 2013

Coccinelle et chie-mou...

Voilà une des raisons qui font qu'on ne regrette pas notre curiosité :


Nous avons rencontré une coccinelle de belle taille, encore inconnue au bataillon... Dans ces cas là, le Chinery est un livre généraliste sur les insectes permettant de se faire une idée de l'identité de la belle, mais ne permet pas d'identification précise.

En lien avec Vienne Nature, un membre a pu qualifier la bette : ce serait la Coccinelle de la bryone Henosepilachna argus. Les coléoptères étant très nombreux, il faut en général avoir recours à des clés de détermination parfois ardues. Sauf que, non content d'avoir qualifié notre bête, notre correspondant nous a précisé qu'il existe une clé récente pour les coccinelles de la Manche. Ce dernier a même, en fait, relancé l'engouement pour la famille un peu partout en France... C'est très intéressant, car sans ce genre d'outils, il est très difficile d'établir une base de connaissance fiable.

Car oui, en France, les coccinelles, bien que sympathiques et populaires sont presque inconnues dans leur répartition régionale, et beaucoup dans leur biologie. Pas besoin de prendre l'avion pour jouer à Indiana Jones!



L'insecte est remarquable pour une double raison :

- Elle est poilue, c'est rare pour les grosses coccinelles
- Elle est végétarienne. Et ça c'est mine de rien à garder en mémoire. Elle se nourrit de cucurbitacées et peut notamment nuire au melon. Rien à craindre par chez nous car elle se nourrit ici de la seule représentante des cucurbitacées sauvage : la Bryone dioïque Bryona dioica.


Mais je la connait cette plante, c'est mon grand-père qui me l'avait dit l'année dernière : c'est du chie-mou! Le terme n'est pas distingué mais explicite. En faisant des recherche, la bryone est bien toxique pour l'homme et la littérature nous met en garde contre son puissant pouvoir purgatif. Aussi appelée le navet du diable, la plante était déjà connue au moyen âge et était associée à la magie blanche. Elle passe au XIIème siècle pour augmenter la résistance à l'alcool. Sainte Hildegarde nous conseille : "pour se garantir de l'ivresse, boire du jus de bryone avec autant de vinaigre, ainsi, toute la semaine, on ne sera point ivre". Les grecs anciens s'en servaient comme dépilatoire.

En alliant l'entomologie, la botanique, la culture populaire et un brin d'histoire, l'aventure dans un carré de nature peut devenir passionnante... Et hop, deux espèces de plus pour l'inventaire de notre chez-nous. Merci petite coccinelle!


mardi 21 mai 2013

Du genre prudente la chrysotoxe?

      Et nous aussi, nous sommes en général sur la réserve, de peur de se faire piquer par cette bestiole. Et pourtant, la Chrysotoxe prudente Chrysotoxum cautum est une mouche, donc bien inoffensive... A s'y méprendre! Elle fait partie de la famille des syrphes. Dans son jeune âge, elle se nourrit de pucerons des racines, avant à l'état adulte, de jeter son dévolu sur la pollinisation des fleurs. C'est à ce moment qu'elle revêt une belle robe jaune et noire, avertissant habituellement le prédateur qui souhaiterait en croquer. L'usurpation d'identité pousse jusqu'au vol, moins vif que ce dont les autres syrphes sont normalement capables. Pour ne pas se laisser berner, il suffit de noter que l'engin n'a qu'une paire d'ailes (2 pour les guêpes) de grands yeux et des antennes riquiqui.

Chrysotoxum cautum

dimanche 19 mai 2013

Araignée sauteuse







Derrière le terme effrayant d'araignées sauteuses se cache la famille des salticidae, qui sont de petite taille, ne chassent pas à l'affut et ne piègent pas leur proie avec une toile. C'est une des familles les plus exubérantes avec leur grands yeux, leur allure ramassée et beaucoup de représentants européens paraissent avoir emprunté leur livrée à un cousin tropical.

La salticide orangée  Carrhotus xanthogramma  en est un exemple. Photographiée à la maison, on retrouve assez largement du sud de l'Europe jusqu'à la Corée et même au Japon. Le dimorphisme sexuel est si important que le mâle et la femelle ont longtemps été considérés comme des espèces à part. La notre a été observée chassant en zone humide sur des fusains.

Toutes les photos ont été faites le même jour au même endroit, illustrant la variabilité des motifs de la femelle.

Male
Femelle



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